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les

jours

qui ont changé

3

la france

7 janvier

Ce matin-là, la température frôle le zéro degré à Paris. Sur le quai n°15 de la gare de l’Est, le train Reims-Paris laisse s’échapper des centaines de voyageurs. Personne ne prête attention à Saïd Kouachi, 34 ans. Trois heures plus tard, le jeune homme et son frère vont devenir les hommes les plus recherchés de France.

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Les Kouachi garent leur voiture rue Nicolas Appert, dans le 11ème arrondissement de Paris. Ils se trompent d’abord d’immeuble, mais finissent par entrer au n°10, où se trouve la rédaction de Charlie Hebdo. Trois agents d’entretien sont dans le hall, en train d’inspecter les conduits de chauffage. L’un d’eux, Jérémy, raconte. “C’est allé très vite, on a à peine eu le temps de lever la tête, un mec a crié “Charlie” et a tiré. Je n’ai pas vu tout de suite que Fredo était touché...” Fredo s’appelle Frédéric Boisseau. Ce technicien de 42 ans, père de deux garçons, est la première victime des Kouachi. Il meurt de ses blessures dans les bras de son collègue et ami.

La traque continue

Le collègue de Frédéric Boisseau raconte

3:30


J’ai juste pu dire
“On est de la maintenance!”
Je n’ai pas vu tout de suite
que Fredo était touché…

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A l’étage, les journalistes et les dessinateurs ne se doutent de rien. Tous les grands noms de Charlie Hebdo sont rassemblés pour la traditionnelle “conf de rédac” hebdomadaire, afin de décider du sommaire du prochain numéro. Luz, qui fête son anniversaire ce jour-là, est en retard.



Les terroristes grimpent l’escalier et se retrouvent face à Coco, une dessinatrice du journal satirique, à qui ils intiment violemment d’ouvrir la porte, protégée par un digicode. Ils entrent en silence dans les locaux puis tirent d’abord sur Simon Fieschi, le webmaster de Charlie Hebdo. Au bruit des deux balles, l’assemblée se fige. “Luce a demandé si c’était des pétards. On s’est tous demandé ce que c’était”, expliquera plus tard au Monde Sigolène Vinson, chroniqueuse judiciaire de l’hebdomadaire.


Personne n’a le temps de réagir. Déjà, les deux terroristes débarquent dans la salle de rédaction. “Où est Charb?” demande un des deux Kouachi. Le directeur du journal, sous protection policière depuis 2011 après la publication de caricatures du prophète Mahomet, est bien présent. Mais les terroristes n’attendent pas la réponse: les rafales de tirs pleuvent. Charb, Cabu, Tignous, Wolinski, Bernard Maris, Honoré, Elsa Cayat, Mustapha Ourrad, Michel Renaud et Franck Brinsolaro, policier et garde du corps de Charb, tombent. A terre, les rescapés rampent et tentent de se cacher, terrorisés.

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Cyrille Busson, gardien de la paix, patrouille en VTT quand il entend une alerte laconique sur les ondes radio. “On nous dit qu’il y a des coups de feu dans un bâtiment rue Nicolas Appert, et qu’il faut essayer de se rapprocher avec les précautions d’usage.” Lui et ses deux collègues ne savent encore rien de l’attaque. Ils se dirigent vers la rue et tombent nez à nez avec les Kouachi, qui sortent de l’immeuble.

On entend ces balles

qui s’écrasent, ça fuse.

Les frères Kouachi regagnent ensuite leur véhicule, une Citroën noire C3 volée, sans se presser. “On a vengé le prophète Mohamet”, hurle l’un des deux, le poing levé. Ils prennent le temps d’inspecter leurs kalachnikov puis remontent à bord et s’engagent sur le boulevard Richard Lenoir, où ils croisent une autre patrouille à VTT.

Des coups de feu retentissent à nouveau. Les Kouachi viennent d’abattre Ahmed Merabet, un brigadier qui s’était élancé derrière eux. L’homme, blessé à terre, les supplie de l’épargner. En vain. Ahmed Merabet est la 12ème victime des deux tueurs. Ils prennent la fuite, direction les quartiers Nord de Paris.

Au volant de sa vieille Clio blanche, Patrick Deschamps se dirige vers les Buttes-Chaumont quand une voiture noire lui barre la route.

Ils me disent :

“Si jamais les médias t’interrogent,

tu dis que

c’est Al-Qaïda au Yémen”

La chasse à l’homme est lancée.

Trois heures après la tuerie, le plan Vigipirate est relevé au niveau “Attentat”, le niveau le plus élevé, dans toute l’Ile-de-France. Le président François Hollande convoque une réunion de crise avec l’ensemble des ministres.

Grâce à une carte d’identité laissée dans le véhicule abandonné rue de Meaux, les enquêteurs parviennent à identifier les deux frères. Saïd et Chérif Kouachi deviennent les suspects les plus recherchés de France. La police nationale publie quelques heures plus tard un appel à témoins avec leurs portraits. Dans la nuit, perquisitions, écoutes et gardes à vue se multiplient pour les retrouver.

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8 janvier

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Les deux frères, toujours recherchés, font irruption dans une station-service près de Villers-Cotterêts, dans l’Aisne, à 80 km au nord-ouest de Paris. Ils braquent le gérant avec un lance-roquettes et remplissent un sac de provisions, avant de disparaître.


Des barrages sont dressés sur les routes, et des forces d’élite sont déployées massivement dans cette zone boisée et rurale, fouillant chaque recoin. Sur l’ensemble du territoire, l’ampleur du dispositif est sans précédent: 88.150 policiers, gendarmes et militaires sont mobilisés. En fin de journée, les deux suspects courent toujours.

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Jeannette Bougrab évoque son compagnon “mort assassiné”

3:01


Le quartier bouclé après la fusillade

1:15


Les larmes de Patrick Pelloux au lendemain du drame

1:54


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Montrouge, en banlieue sud de Paris.  Alors que les Kouachi sont toujours en fuite, un autre homme, muni d’un gilet pare-balles, d’une arme de poing et d’un fusil mitrailleur, abat d’une balle dans le dos une policière municipale après un banal accident de circulation, et blesse grièvement un agent de la voirie. La victime s’appelle Clarissa Jean-Philippe. Le tireur est Amedy Coulibaly. A ce moment-là, on ignore encore qu’il est lié aux Kouachi.

Âge : 32 ans

 

Casier judiciaire :

Condamné à trois ans de prison en 2008 pour avoir fréquenté la filière des Buttes-Chaumont, du nom de cette filière de recrutement jihadiste qui opérait dans le 19e arrondissement de Paris au début des années 2000, dans le but d'envoyer des jihadistes rejoindre les rangs de la branche irakienne d'Al-Qaïda.

 

Mis en examen en 2010 pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, après la tentative d’évasion de l’islamiste Ali Belkacem, et placé sous contrôle judiciaire. Bénéficie finalement d’un non-lieu.


Cliquez ici pour lire son portrait

Âge : 34 ans


Casier judiciaire :

Gardé à vue dans le cadre de la filière des Buttes-Chaumont.


Domicile perquisitionné en mai 2010 dans le cadre de l’enquête sur la tentative d’évasion du terroriste Ali Belkacem.


Placé sous écoute et temporairement suivi entre 2011 et 2014 par le renseignement intérieur après un entraînement au combat et

au maniement des armes au Yémen avec son frère Chérif.


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